Suite au naufrage du navire Grande America survenu le 12 mars 2019, un fou de bassan a été retrouvé mort souillé par les hydrocarbures sur le rivage hendayais une semaine plus tard. Cet événement est annonciateur d’autres conséquences qui pourraient survenir dans les semaines qui viennent.
Les oiseaux sont les premiers affectés par cette catastrophe. Mais ils ne seront pas les seuls quand on examine la cargaison du navire qui a sombré ; cette cargaison comprenait des produits dangereux et classés comme tels en raison de leur toxicité parmi lesquels 720 tonnes d’acide chlorhydrique, 16 tonnes de white spirit, 82 tonnes d’acide sulfurique, 85 tonnes d’hydrogénosulfure de sodium (produit pour blanchir les métaux). A ce stade, il est impossible de savoir ce qui a brûlé et ce qui reste encore dans flancs de l’épave au fond de la mer.
Le navire contenait également 2100 véhicules dont 190 poids lourds, 1779 véhicules légers, 64 engins de chantiers, entre autres. Les soutes contiennent quant à elles des tonnes de gasoil marin, de l’IFO (intermediate fuel oil) et de l’huile.
A l’heure de l’éveil tardif des consciences sur le devenir de notre planète, à travers ce qui semble un fait divers, se pose la question de l’écologie et de l’économie. Ce couple mal accordé jusqu’ici continue à ressembler à deux individus dans l’incapacité d’endurer la vie commune.
Au 14ème siècle, l’économie signifiait l’art d’administrer qui a dérivé au 16ème siècle vers le sens d’épargner. Au 21ème siècle, la concurrence impitoyable entre nations et individus s’est substituée à la bonne administration et la dette des Etats et des acteurs économiques à l’épargne.
L’écologie a une bien belle étymologie pour ce qui la concerne. « Oikos » pour « éco » est la maison en grec et « logos » est le discours ou la parole. Les représentants du « nouveau monde » qui nous gouvernent surfent sur le nomadisme d’une élite qui oublie que la planète terre est notre maison à tous et il laisse ainsi à d’autres la maison de brique ou de pierres dans notre douce France. Cette maison réelle doit leur sembler un vestige de l’homme des cavernes. Ce nomadisme est agrémenté d’un grand discours oublieux de la maison terre et d’un bilan carbone déplorable et tellement 20ème siècle. Mais n’est pas « nouveau monde » qui veut. Cela rappelle la querelle tellement éculée des anciens et des modernes à toutes les époques. Il est vrai que les étiquettes jetées au visage de son opposant évitent de penser et permettent de continuer à discourir sans fin…
De la même manière, notre siècle met en avant le principe de précaution en invoquant la prudence, grande vertu intellectuelle. Malgré ce principe et cette belle vertu, la vie ne peut être vécue sans risque. Mais le risque peut être minimisé grâce à la prudence qui suppose de prendre conseil auprès de soi et des autres, de juger au vu des fait et ensuite d’orienter son action en fonction de règles déterminées sur la base d’un jugement prudent. Autrement dit, il s’agit de définir ce qu’on doit faire et ce qu’on doit éviter.
Or, les gouvernements de la planète, et le nôtre tout autant, semble ne pas pouvoir ou ne pas vouloir arrêter la machine infernale qui détruit notre maison commune et, à terme, ses habitants. Des solutions existent mais elles remettent tellement en question nos modes de vie et surtout, certaines situations d’enrichissement et d’exploitation des ressources naturelles que notre humanité n’a jamais connues jusqu’ici. En effet, nos technologies ont évolué dans des proportions inimaginables il y a 100 ans et certains s’en servent avec pour but ultime un enrichissement qui s’accompagne d’une prise de pouvoir insidieuse en dehors des institutions.
Lors du débat sur BFM TV mercredi 20 mars 2019, Marine Le Pen, Présidente du Rassemblement national, a essuyé les sarcasmes d’un de ses opposants concernant sa proposition de favoriser le localisme. Selon lui, ce n’était que des mots et cela ne voulait rien dire. La doctrine du localisme est né au 20ème siècle : privilégier ce qui est local favorise la démocratie participative, la cohésion sociale, l’économie de proximité et donc l’emploi local tout en préservant l’environnement via une moindre empreinte écologique liée au transport de personnes et de marchandises.
Revenons à notre navire Grande America et à son chargement. N’est-il pas le symbole d’une logistique mondialisée, d’une production de biens fondée sur l’offre et non sur la demande et les besoins, d’une surexploitation des outils de travail et des équipages pour plus de profit, d’une indifférence concernant la terre et l’humain ?
Marianne aime la douce France et elle sait dans sa sagesse que la logique binaire qui a deux réponses à toutes les questions n’est pas la logique du vivant. Elle sait que le discours virtuel par essence permet de créer l’illusion du « en même temps » mais que le faire, l’action sur la réalité ne s’accommodent pas de ce grand écart. Pour que la vie de l’enfant vienne au monde, il faut couper le cordon ombilical. Pour que le couple écologie et économie se réconcilie, il faudra donc tracer la voie qui empêchera que la maison brûle. Cette voie sera une, sans compromis, car les enjeux de vie et de mort sont impératifs et non binaires. Le Rassemblement national sera aussi force de proposition sur ce sujet car l’État stratège en action sur le terrain, avec et pour tous, participe à cette recherche commune de solutions efficaces.