L’intervention du Président de la République le 25/04/2019 comportait un message « clair » pour les retraités. Ce message sous forme d’annonce faisait écho à la manifestation du 11/04/2019 de 7 syndicats et associations de retraités devant la préfecture à Pau. Les manifestants expliquaient qu’une inflation de 1,7 % en 2019 aurait pour effet de réduire leur pension de 2/3 d’un mois de pension et qu’une inflation de 1,8 % prévue en 2020 aurait pour effet de réduire leur pension de 90 % d’un mois de pension. Ces montants rapportés au budget estimé de 12 millions d’euros pour l’organisation du grand débat peuvent paraître peu de chose. En revanche, ces montants de baisse ramenés au budget de chaque retraité sont astronomiques, tout particulièrement dans un contexte de désindexation des retraites sur l’inflation, de hausse des taxes sur l’énergie et de hausse des impôts sur le revenu.
Le 25/04/2019, le Président de la République a donc annoncé un « changement » pour les pensions du régime général :
- la réindexation des petites retraites (- de 2000 euros) le 01/01/2020 ;
- la fin de la sous-indexation pour toutes les retraites à compter de 2021.
Cette annonce était-elle réellement une annonce et un changement de politique ?
Tout d’abord, il faut rappeler que le Conseil constitutionnel a empêché le gouvernement Philippe de sous-indexer les pensions de retraite pour les années 2019 et 2020. Cette disposition était présente dans le projet de loi de financement de la Sécurité Sociale 2019. La mesure concernant 2020 a été censurée pour motif de cavalier budgétaire ce qui signifie qu’un projet de loi de financement de la Sécurité Sociale pour 2019 ne pouvait pas prévoir une mesure pour 2020.
Par conséquent, au 01/01/2020 il n’y aura pas de réindexation des petites pensions (moins de 2000 euros) puisque la mesure n’a jamais été promulguée.
En revanche, pour les pensions supérieures à 2000 euros, il y aura sous-indexation.
De la même manière, la sous-indexation était prévue pour 2019 et 2020 uniquement.
Par conséquent, annoncer la fin de la sous-indexation au 01/01/2021 n’a pas beaucoup de sens puisque rien n’était prévu dans ce domaine pour 2021.
Une bonne communication requiert clarté, précision et explication. Nombre d’entre nous sont restés sur le terme « « réindexation » qui sonnait comme un plus ou une avancée pour les petites pensions. Il s’agit en fait d’un statu quo et non d’une avancée.
Concernant les futurs pensionnés, de vraies inquiétudes sont nées par rapport à la réforme des retraites. Comment le Président de la République peut-il se glorifier de ne pas reculer l’âge de départ à la retraite alors qu’il annonce qu’il faudra reculer l’âge de départ à la retraite pour percevoir une pension sans décote ?
Cette réforme a déjà touché les régimes de retraite complémentaires ARRCO (pour les salariés du privé) et AGIRC (pour les cadres du privé) gérés par les partenaires sociaux. Ces régimes ont fusionné au 01/01/2019. Depuis cette date, les salariés qui partiront à 62 ans se verront appliquer un malus de 10 % pendant 3 ans sur le montant de leur pension. Ce malus ou décote ne sera pas appliqué si le salarié part à 63 ans. Il est donc bien question implicitement de reculer l’âge de départ si le salarié ne veut pas être frappé par la décote. Le choix de partir à 62 ans est maintenu mais un choix qui coûte cher et qui réduit donc les droits.
Pareillement, lorsque l’on parle d’indexation, il faut être clair sur la base de l’indexation. Depuis le 01/01/2019, les partenaires sociaux (patronat et syndicats) gestionnaires d’ARRCO/AGIRC ont abandonné l’indexation sur l’inflation pour retenir l’indexation sur l’évolution moyenne des salaires. Cela semble plus favorable dans un contexte de faible inflation. Malheureusement depuis l’introduction de l’euro les salaires ont augmenté de 0,7 % par an* ce qui est inférieur à l’inflation en 2017 (1%).
Par conséquent, ces mécanismes sont appliqués à la fois par le gouvernement pour les pensions du régime général de retraite figurant au budget de la sécurité sociale et par les partenaires sociaux pour les régimes de retraite complémentaire. Ces techniques de gestion révèlent un manque de rentrée de cotisations sociales pour gérer les régimes comme l’a expliqué la Présidente du Rassemblement National, Marine Le Pen, lors de la grande confrontation sur LCI le 24/04/2019. Elle a expliqué que les délocalisations, la désindustrialisation, la concurrence déloyale aboutissaient à produire du chômage ce qui contribue à ce manque de recettes pour équilibrer les régimes de retraite. La responsabilité des partis de gouvernement depuis des décennies a été soulignée par la Présidente.
Les propos de Marine Le Pen ont été balayés par les opposants de ces mêmes partis lorsqu’elle a évoqué les projets inquiétants sur les pensions de réversion, évoquant même sa suppression. Les représentants de la majorité, lors de cette grande confrontation, ont juré qu’ils ne toucheraient pas aux pensions de réversion et que ces inquiétudes reposaient sur des affabulations. M. Bayrou a même indiqué que ce n’est pas parce que l’on répète quelque chose sur les plateaux de télévision que c’est vrai en parlant des propos tenus par Marine Le Pen.
Or, quelle n’est pas la surprise de Marianne de trouver la preuve de ce qu’avançait la Présidente du Rassemblement national sur le plateau de LCI lors de la grande confrontation le 24/04/2019. La revue très sérieuse de la PREFON** (INFO Préfon) d’avril 2019 expose en page 4 les cinq scenarii envisagés pour la pension de réversion dans la réforme des retraites. Les voici :
1- prolongation du système actuel avec la suppression des différences actuelles entre les régimes (quels régimes ? Quels différences ? Cela n’est pas précisé) ;
- – les droits de réversion seraient restreints aux droits constitués pendant la période de viecommune
(comment constituer ces droits sachant qu’aujourd’hui la durée de vie commune pour un couple marié est prise en compte ? Cela n’est pas précisé) ;
- – le financement de la réversion ne reposerait plus que sur les cotisations contributives et où la solidarité serait construite comme un dispositif de solidarité
(quel serait ce dispositif de solidarité et par quel financement serait-il abondé si les seules cotisations du régime solidaire par répartition ne suffisent plus ? Cela n’est pas précisé)
- – l’introduction de la notion de partage de droits entre les époux
(quel serait l’effet sur le pourcentage : si madame ou monsieur peut prétendre à 54 % aujourd’hui dans le régime général en matière de réversion, devrait-elle renoncer à la moitié et se contenter de 27 % ?)
- – la suppression de la réversion avec la mise en place d’une assurance veuvage publique à âges élevés
(qui paierait cette assurance veuvage et quel serait son principe de fonctionnement, solidaire ou assurantiel, et quel serait son montant sachant que l’âge fait augmenter les cotisations d’assurance : ? Cela n’est pas précisé.)
Lorsque l’on sait que 4,4 millions de Français, ou plutôt de Françaises (89 % sont des femmes), touchent une pension de réversion, on peut aisément en conclure que ces projets sont un déni de prise en compte de la condition des femmes (éducatrices des enfants à la maison avec la charge du foyer, aides d’un conjoint petit patron ou agriculteur non rémunérées, travailleuses avec un temps partiel imposé dans les secteurs du commerce, soutiens familiaux avec interruption de carrière pour s’occuper de parents âgés ou d’un enfant en situation de handicap, etc.).
Comment mettre en avant l’égalité hommes/femmes dans ce gouvernement et nourrir de tels projets qui visent directement les ressources des femmes lorsqu’elles sont à la retraite ? Leurs pensions sont inférieures de 39 % à celles des hommes et de 25 % lorsqu’on intègre les pensions de réversion à ce calcul. Les projets annoncés ne vont-ils pas creuser les différences entres les hommes et les femmes encore davantage?
Comment créer du lien avec son peuple lorsque l’on s’attaque aux personnes âgées qui, dans toute civilisation digne de ce nom, doivent être respectées et honorées ? Comment dire que l’on défend la cause des femmes, que l’on « a touché l’épaisseur des vies », comme le dit le Président de la République lorsque l’on a de si funestes hypothèses de travail sans en donner le détail en toute transparence ?
Etre inquiet aujourd’hui ce n’est pas exagéré, informer les citoyens en vérité ce n’est pas superflu, avoir honte de s’en prendre aux anciens ce n’est pas de trop. Le Rassemblement National se soucie de ceux qui n’ont que leur vote pour se faire entendre. Les gouvernements ont trop pris l’habitude de ne pas respecter la demande légitime de justice de ceux qui s’expriment dans les urnes. Le 26 mai 2019, votez utile pour une grande formation politique, votez pour la liste Rassemblement National menée par Jordan Bardella pour les élections européennes. Chaque élection, avec votre soutien, fera avancer un projet politique conçu pour vous et avec vous.
* (base de calcul : masse salariale brute divisée par le nombre des salariés – Source La Tribune 20/04/17- Xerfi Canal)
** PREFON : retraite par capitalisation de la fonction publique à adhésion individuelle28