Le département des Pyrénées-Atlantiques compte 59,7 % de médecins libéraux (généralistes et toutes spécialités confondues), 33,5 % de médecins salariés et 6.8 % de médecins remplaçants. En 2016, cela représentait 3304 médecins au total soit un médecin (généralistes et spécialistes confondus) pour 206 habitants. Sur le département, on note une augmentation de 19.6 % de nouvelles inscriptions à l’Ordre des médecins mais on constate aussi une plus grande attirance pour la Côte basque parmi les inscrits. Une tendance se dégage concernant le choix de la médecine salariée pour 55,6 % d’entre eux contre 31,5 % comme remplaçants et seulement 13 % comme médecins libéraux.
Cette tendance démontre que la nouvelle génération de médecins délaisse la médecine libérale en raisons des conditions d’exercice qui y sont attachées, en particulier pour les médecins généralistes. Faible rémunération des actes (23 euros par consultation chez un généraliste soit le tarif le plus bas en comparaison, par exemple, avec l’Espagne voisine qui a fixé le tarif entre 40 et 70 euros), augmentation des primes d’assurance, démarches administratives multiples liées à la carte VITALE qui risquent d’être accentuées par la mise en place du reste à charge 0.
Pourquoi parler de désert médical dans ce contexte ? D’abord, précisons qu’un désert est un endroit inhabité, en l’occurence par les médecins si l’on parle de désert médical.
Or, ce spectre est à redouter sachant que la moyenne d’âge des généralistes est de 51 ans dans les Pyrénées-Atlantiques avec 23 % de médecins généralistes ayant plus de 60 ans dont certains continuent à travailler même après l’âge de la retraite. Un médecin retraité sur deux poursuit son activité soit 51,2 % dans notre département. Par ailleurs, 40 % des médecins généralistes sont des femmes. On note aussi une moyenne d’âge de 52 ans avec 29 % de spécialistes de plus de 60 ans.
En outre, il existe une pénurie de médecins dans certaines spécialités avec une baisse des effectifs entre 2007 et 2016 de 9.5 % pour les cardiologues, 6.4 % pour les dermatologues, 51.9 % pour les obstétriciens, 37 % pour les gynécologues et 23.5 % pour les médecins du travail. Il existe des baisses significatives en chirurgie vasculaire (-42,9 %, viscérale (-15.4%), ophtalmologique (12.9%), ORL (-21.2%) et stomatologique (-40%).
Pour couronner le tout, une concentration de certaines spécialités dans certains bassins de vie comme Bayonne par exemple se fait au détriment d’autres zones du pays basque.
Sur la base de ces éléments chiffrés, on constate du point de vue des patients une inégalité territoriale selon les bassins de vie, une inégalité de genre (gynécologie et obstétrique sont en chute libre), une inégalité d’offre de soins en matière de chirurgie spécialisée, une inégalité sociale (baisse de nombre du médecins du travail qui concerne les salariés).
Du point de vue des médecins, ces chiffres révèlent une situation qui ne leur permet pas d’assurer leurs missions dans de bonnes conditions alors même que cette mission doit être accomplie dans le respect du serment d’Hippocrate. « Je donnerai mes soins à l’indigent et à quiconque me le demandera » est-il rappelé dans ce serment ce qui pose la question de l’offre et de la demande en matière de soins. Dans un désert médical, celui qui a besoin de soins n’aura d’autre alternative que de se déplacer dans un lieu éloigné où la population médicale est suffisante pour donner les soins requis. Par conséquent, notre dispositif actuel ne permet pas sur le plan quantitatif et organisationnel de répondre aux besoins de la population sur tout le territoire, y compris dans Paris intra-muros où le coût exorbitant du foncier ne permet plus à des généralistes de s’installer ce qui annonce une désertification médicale aussi dans la capitale.
La récente réforme des études de médecine qui a été votée en mars 2019, et dont les décrets restent à paraître, vise à supprimer le numerus clausus. Ce dernier est défini actuellement en fonction des besoins régionaux et sa suppression seule ne devrait pas permettre de résoudre le problème des déserts médicaux. Depuis 2000 sont en vigueur des augmentations de 270 % du numerus clausus dans certaines universités. Ces augmentations n’ont apporté aucun remède fiable et durable au problème des déserts médicaux.
De plus, cette réforme ouvre une double voie d’accès à la médecine (concours ou étudiants à l’université qui auraient opté pour une « mineure de santé » avec possibilité de passerelle pour être admis en étude de médecine). Or, ceci risque de provoquer une hétérogénéité des connaissances des étudiants pour une même promotion. La mineure santé correspondrait à un module de 70 à 100 heures d’enseignements pratiques et théoriques ce qui est loin de l’année universitaire complète pour la filière du concours. Ne va-t-on pas vers une quadrature du cercle en matière de niveau d’étude et d’exercice d’une médecine de qualité garantie pour tous ?
Les articles, les chroniques, les débats, les tables rondes….les bavardages en somme, se multiplient sur la désertification médicale et ce, depuis des décennies avec une intensité accrue ces jours-ci. Notre pays dirigé par des personnes formées dans nos meilleures écoles ont été incapables de résoudre cette question comme si une forme de paralysie ou d’impuissance avait gangrené05 les esprits, car il ne peut être question d’imaginer que cela est voulu.
Ce constat remet en mémoire les propos de la philosophe Simone Weil :
“Plus le niveau de la technique est élevé, plus les avantages que peuvent apporter des progrès nouveaux diminuent par rapport aux inconvénients.”
Au cours des derniers mois, « progrès » et « progressisme » ont été répétés comme un mantra par la majorité LREM et le Président de la République et cela continue avec la tête de liste LREM aux élections européennes. De quel progrès s’agit-il ? Celui de la consultation médicale par ordinateur pour votre mère ou votre père de 85 ans vivant à la campagne où la désertification n’est pas que médicale ? Celui de la consultation chez un neurologue fixé dans un délai de 10 mois alors que votre pathologie vous fait souffrir ? Celui de la surconsommation de médicaments y compris en auto-prescription lorsque le soin requis ne peut être apporter faute de soignants ? Celui d’une espérance de vie inférieure à celle de la population générale chez les médecins qui connaissent également un taux de suicide plus élevé que celui de la population générale en raison de la pénurie de médecin de ville et hospitaliers, sans omettre tous les autres soignants ?
Les mots creux et le blabla ne sont pas les remèdes que le Rassemblement National souhaite adopter et il ne l’a jamais fait, au grand déplaisir de ceux qui utilisent des termes technocratiques ou vides de sens pour occulter la réalité. Le déni de réalité ne fait pas partie du discours et des propositions du Rassemblement National car ce déni, lorsqu’il est général, a pour seul but de maintenir le statu quo. Reste à savoir à qui profite le statu quo ?
Où est passée la « révolution » macronienne (titre d’un livre publié par le candidat Macron en 2016) qui ressemble aujourd’hui à une involution dans tous les domaines, c’est-à-dire un retour à un état antérieur ?
Dans les 144 engagements du Rassemblement national, un chapitre est intitulé « protégeons à 100 % la santé des Français ». Ces propositions constituent un tout cohérent dont chaque mesure ne peut pas aller sans l’autre sous peine de ne pas assurer le financement d’une médecine de qualité, une qualité de vie des soignants et une offre de soins correcte pour tous. Un état stratège se doit de veiller à ce que la santé des Français soit une priorité conformément au droit. Diminuer le réseau de structures de soins et le nombre de personnel soignant, c’est porter atteinte indirectement à un droit fondamental et cela n’a que trop duré.
Article 25 de la déclaration universelle des droits de l’homme
- Toute personne a droit à un niveau de vie suffisant pour assurer sa santé, son bien-être et ceux de sa famille, notamment pour l’alimentation, l’habillement, le logement, les soins médicaux ainsi que pour les services sociaux nécessaires.
Apportez votre soutien au Rassemblement National en votant pour la liste menée par Jordan Bardella lors des élections européennes du 26 mai 2019 car il est temps que les paroles soient mises en pratique et que le discours soit ainsi conforme aux actions. Avec le Rassemblement National composé de femmes et d’hommes engagés et courageux, c’est possible !