Une interview du Maire de Biarritz et Vice-Président de la communauté d’agglomération Pays Basque a été publiée dans la semaine du Pays Basque (10 au 16 mai 2019), hebdomadaire rendant compte de l’actualité dans cette partie du département avec des articles mettant en relief tous les territoires. Cette commune était à l’honneur dans cette édition dans la perspective de la réunion du G7 à Biarritz du 24 au 26 août 2019. Les travaux engagés et les contraintes de gestion depuis le choix de cette ville pour cette rencontre étaient évoquées dans l’interview. Au détour d’une question portant sur les élections européennes, et plus précisément sur son sentiment de proximité avec la liste « Renaissance » de La République en Marche, le Maire de Biarritz, a répondu faisant la promotion du projet présidentiel :
Dixit le Maire de Biarritz :
« Oui, c’est elle (la liste LREM) qui porte à mes yeux le message le plus profondément européen. Car l’enjeu du 26 mai prochain est simple : ou au cours des prochaines années l’Europe se transforme et se refonde comme une union souveraine, puissante, unie et démocratique, corrigeant ses imperfections et ses défauts ou elle se fragilise un peu plus, aux mains des partisans du repli nationaliste et protectionniste. Pour ma part, c’est la première voie que je choisis. »
Commentaire:
L’analyse binaire qui consiste à dire « moi ou le chaos » est le cheval de bataille du Président de la République et de la liste LREM. D’autres listes surfent sur la vague du concept assez flou, s’il n’est pas défini, d’ »idée européenne ».
Autrement dit, La République en Marche réussirait à transformer l’Europe et la refonderait alors même que tous les efforts déployés par le parti au gouvernement se sont soldés par des échecs face à la résistance du pays le plus puissant en Europe, l’Allemagne.
Une Union souveraine et puissante doit se faire entendre sur la scène internationale et se faire respecter en effet. Or, dernièrement, la décision américaine d’appliquer des sanctions économiques à l’encontre de l’Iran a aussi sanctionné les entreprises européennes du fait de l’extra-territorialité de la loi américaine. Autrement dit, commercer avec l’Iran est, sinon impossible, au moins hautement risqué.
L’Union européenne et les Etats qui la composent acquiescent et se soumettent au détriment de leurs économies et de leurs entreprises, donc de leurs peuples. Cela en dit long sur la conception de la souveraineté dans l’ Europe actuelle.
Revenir sur la tragédie lybienne et le rôle joué par la Russie conduirait, dans un tout autre contexte, confirmer une image très abîmée de la puissance de l’Europe.
Comment se transformer, évoluer, s’améliorer si l’on ne reconnaît pas ses erreurs et que l’on a comme seule arme la désignation d’un bouc émissaire c’est-à-dire les partis, comme le Rassemblement National, qui revendiquent une Europe des Nations avec leur souveraineté retrouvée. Qualifier les partisans de ces partis de nationalistes ou de protectionnistes revient à brandir une étiquette qui se veut péjorative pour éviter le débat constructif. Or, on peut se demander pourquoi ces qualificatifs qui sont des expressions de la souveraineté gênent autant les adversaires du Rassemblement National.
Dixit le maire de Biarritz
« Bien sûr, l’Europe est imparfaite, même les Européens les plus convaincus le reconnaissent et le déplorent : trop technocratique, trop bureaucratique, trop éloignée de la vie des Européens, trop distante des peuples, sur-administrant et uniformisant les territoires à coup de directives sans tenir compte suffisamment de leur diversité . »
Commentaire :
Ce diagnostic correspond au sentiment qu’ont les Français concernant la méthode de gouvernement du Président Macron. Pourquoi ? Parce que le principe de subsidiarité dans le droit européen a été oublié. Les femmes et hommes en responsabilité l’ont écarté alors qu’il constitue un des principes fondamentaux du droit européen sans cesse réitéré.
Définition : le principe de subsidiarité consiste à privilégier le niveau inférieur d’un pouvoir de décision aussi longtemps que le niveau supérieur ne peut agir de manière plus efficace.
Cela ne vous rappelle-t-il pas le feuilleton des 80 kms/h ?
Reste à savoir pourquoi ce principe a été abandonné ? Serait-ce par déficit de démocratie ?
Le maire de Biarritz pose un diagnostic correct, même s’il est peu séduisant, de la construction européenne actuelle. Reste à savoir pourquoi il se propose de voter pour les mêmes et de remettre l’ouvrage sur le métier à tisser. Il faut vraiment avoir un tempérament de Pénélope pour penser ainsi. Or, depuis des décennies, la patience des peuples a été mise à rude épreuve ce qui ne fait pas de ces peuples des anti-européens mais plutôt des anti-pensée unique et technocratique européenne émanant d’une minorité non élue lorsqu’il s’agit des commissaires européens.
Un exemple triste et presque risible sur ce type de dérapage : Règlement (CEE) N° 1677/88 de la Commission du 15 juin 1988 fixant des normes de qualité pour les concombres, modifié par le Règlement (CE) N° 386/2005 de la Commission du 8 mars 2005 (JO n° L 62 du 9.3.2005) – fixant le poids maximal et la hauteur maximale de l’arc, entre autres, pour que le concombre réponde aux normes européennes.
Dixit le maire de Biarritz :
« Mais faut-il pour autant voir reculer l’idée européenne et ses valeurs , faut-il voir se défaire cette construction politique pacifique et démocratique, bâtie après tant de conflits et de souffrance partagées ? Non, il faut à l’Europe une nouvelle ambition, un nouvel horizon, un nouvel élan. Il faut que l’Europe avance, celle que nous aimons, celle d’Airbus et d’Erasmus . »
Commentaire :
Si les commissaires européens non élus ont tant de pouvoir et que le parlement européen demeure une chambre d’enregistrement à maintes occasions, rien ne se défera mais tout se perpétuera. La grande idée européenne ne peut pas s’accommoder de cette situation qui ne démontre pas une construction démocratique. Le désintérêt des électeurs pour les élections européennes est malheureusement motivée par ce constat.
Cela ne vous rappelle rien ? Qu’est-ce qui a fait descendre certains de nos compatriotes sur les rond-points ? N’est-ce pas une forme d’autisme de la part de ceux qui gouvernent ? Comme les poupées russes, le mode de gouvernance au niveau national est reproduit au niveau européen, et cela les citoyens n’en veulent plus.
Six pays fondateurs sont à l’origine de la construction européenne. L’Europe a avancé puisque 28 pays en sont membres à ce jour (BREXIT non pris en compte). Avancer est-ce toujours plus, toujours plus nombreux, toujours plus vite ou est-ce avancer mieux, avec toujours en ligne de mire le bien-être des peuples, toujours la considération pour leurs aspirations.
Airbus a été lancé en tant que consortium à la fin des années 1960 et ERASMUS en 1987 : citer ces deux réussites comme exemples en dit long sur l’essoufflement de l’Europe car ces programmes datent du 20 ème siècle.
Avancer à marche forcée sans réformer les institutions pour plus de démocratie à 28 et ne pas consolider ce que l’on a construit, c’est construire la maison Europe sur du sable.
N’est-ce pas la voie erronée qui a été prise ? Et cela se voit aujourd’hui.
Voter le 26 mai pour la liste du Rassemblement National, c’est voter utile pour qu’effectivement l’Union européenne se réforme dans le fonctionnement des ses institutions et dans la définition de ses orientations. Par ce vote, il est temps de donner un coup d’arrêt à ceux qui se satisfont de cette situation en prétendant vouloir la changer ce qu’ils n’ont pas l’intention de faire en réalité. Cela vaut aussi pour le parti LES REPUBLICAINS.
Dixit le Maire de Biarritz :
« Dans le concert international de la mondialisation, seule une Europe forte, unie et intégrée peut permettre à ses Etats Membres de répondre aux grands défis contemporains. Ces défis nous les connaissons. Celui de la sécurité, de la transition écologique, des révolutions technologiques et numérique, de la guerre économique et industrielle, de la tension migratoire née des inégalités profondes de la mondialisation. Sur aucun de ces sujets les Etats européens ne trouveront de solutions réelles et durables s’ils sont séparés et désunis. »
Commentaire :
Qu’entend-on par Europe forte, unie et intégrée ? Le statu quo n’est pas possible. Alors, faut-il reprendre l’idée du Président Macron de plus d’Europe, c’est-à-dire de fédéralisme.
Or, cette option est impossible puisque l’homme fort de l’Europe, Angela MERKEL, l’a refusé. Nombre de demandes formulées par le Président Macron sont restées lettre morte. Les commentateurs européistes expliquent que la position allemande est due à des problèmes de politique intérieure (dernier mandat d’Angela Merkel entre autres). Que ces choses sont joliment dites !
Ne s’agit-il pas plutôt pour les Allemands de privilégier leurs intérêts de tous ordres : financiers, économiques, géo-politiques, etc…?
D’ailleurs la successeur d’Angela MERKEL à la tête de la CDU, Annegret Kramp-Karrenbauer, a adopté la même position
C’est moins joliment dit mais tellement plus réaliste et concret.
On pourrait presque ajouter en exagérant un peu que, dans les actes, l’Allemagne applique le programme du Rassemblement National en défendant sa nation et sa souveraineté. Les gouvernements français successifs qui rêvent de mariage avec l’Allemagne en chantant le refrain du couple franco-allemand à qui mieux-mieux sont des amoureux éconduits et naïfs en perte de vitesse au jeu de la séduction.
Les défis dont il est question dans cet interview illustrent parfaitement ce propos :
La sécurité face au terrorisme et les tensions migratoires :
- Avramopoulos, commissaire européen a ainsi déclaré que « l’accueil de l’immigration de masse est non seulement un impératif moral mais aussi un impératif économique et social pour notre continent vieillissant ».
Donc vieillissement et chômage seraient une fatalité et l’immigration de masse le remède. Pour qui est-ce un remède ? Pour celui qui quitte son pays poussé par le désespoir ou pour celui qui accueille tout en pensant à ses fins de mois, à la peur du chômage et à l’avenir de ses enfants ?
L’Europe assume cette démission en interne et ne met pas un terme à l’action des passeurs et exploiteurs de migrants qui sont aussi les vecteurs de filières souterraines liées au terrorisme. Certains nouveaux arrivants constituent par ailleurs une main d’oeuvre éduquée qui fait baisser la rémunération du travail. L’Allemagne a d’ailleurs pris la décision unilatérale d’accueillir plus de 1 million de migrants entre 2015 et 2016. Encore une décision souveraine et nationaliste !
La transition écologique :
Le magazine « Der Spiegel » a publié au cours de la semaine du 8 mai 2019 un article décrivant l’échec de la transition énergétique en Allemagne qui est pourtant souvent citée comme exemple. Le recours au charbon pour diminuer le recours à l’énergie nucléaire a donc eu des conséquences calamiteuses en termes d’environnement. Cette décision unilatérale de l’Allemagne en tant que nation prouve, s’il en était besoin, que chaque Etat-membre fait sa transition énergétique à sa manière selon son calendrier en fonction des réalités nationales. De quelle politique européenne parlons-nous pour mettre en œuvre la transition énergétique si on ne part pas de la réalité des ressources et infrastructures de chaque Etat membre, sans omettre le volet fiscal non harmonisé, dans ce domaine comme dans d’autres, au niveau de l’Union européenne ?
Les révolutions technologiques et numériques :
L’Europe est un nain dans ce domaine largement dominé par les Américains talonnés par les pays asiatiques. Le tout numérique de la « start up nation » repose sur une technologie maîtrisée et contrôlée à l’extérieur de notre pays et du continent européen. Ce manque d’indépendance est lourd de conséquences. Alors, a surgi l’opportune idée de la taxation des GAFA qui a été mise en œuvre récemment par la France de manière timide. L’Allemagne a réfuté cette option soucieuse de conserver ses parts de marché aux Etats-Unis dans le domaine automobile, en particulier mais pas seulement, face aux menaces de représailles américaines en matière de tarifs douaniers.
Le Président Macron encore une fois n’a convaincu ni l’Allemagne, ni les autres Etats-membres car chaque pays de l’Union défend ses intérêts à l’exportation. Les faits révèlent encore la prééminence de la concurrence entre les nations à l’intérieur de l’Union européenne. Le déni du gouvernement français concernant la nécessité de réviser le fonctionnement des institutions européennes fait courir le risque de voir la loi du plus fort s’imposer encore et toujours au sein de l’Union. Cette conséquence contribuera à détricoter l’Union européenne faute d’union dans les faits.
La guerre économique et industrielle
Cette guerre existe à l’intérieur même de l’Union européenne qui porte fort mal son nom. Dumping fiscal avec des paradis fiscaux en son sein, absence d’harmonisation de la fiscalité directe et indirecte, dumping social du fait de la disparité des systèmes sociaux et des niveaux de salaires, dérégulation du marché du travail avec les dispositions relatives aux travailleurs détachés, etc…
Cette guerre n’est pas uniquement le fait de la mondialisation puisque les Etats-membres commercent principalement entre eux du fait de la libre-circulation des biens.
Par conséquent, rêver d’une autre Europe avec les mêmes équipes au pouvoir c’est un peu comme vouloir que celui qui vous ment continue à la faire.
En conclusion, Marianne doit aborder le scrutin du 26 mai en se concentrant sur les faits et non sur les discours. Ces faits ont été analysés pour produire le projet de la liste du Rassemblement National pour les élections européennes. Il est consultable sur le lien suivant :
https://rn-europeennes.fr/wp-content/uploads/2019/04/europeennes-projet.pdf
Il répond aux problématiques exposées et rappelle l’urgence :
« Il est urgent de modifier de fond en comble les textes européens et de tout changer, aussi bien dans le fonctionnement des institutions européennes que dans leurs grandes orientations politiques.
Cette volonté d’en finir avec l’impuissance et les échecs de l’Union européenne actuelle s’exprime désormais partout sur le continent : les peuples veulent une Europe des nations et des protections, respectueuse des souverainetés et singularités nationales.
Il s’agit dès lors de définir enfin le projet européen qui ne peut plus être une construction abstraite entre les mains de technocrates. »